jolànn l. blackwood - u;c

blahblahL'air frais de l'automne faisait virevolté avec douceur les feuilles orangés des arbres maintenant privés de leurs parures, tandis que les branches, malmené par le vent, gémissaient leurs plaintes sur le dur hiver à venir. Le gazouillement discret des oiseaux se faisait entendre pendant que ceux-ci s'effaraient à préparer leur longue route vers le sud où la chaleur et le soleil remplaceraient la froideur de la neige. À ce tableau venait s'ajouter une fillette qui, emporté par la féérie de cette scène, tournoyait avec le feuillage enflammé des arbres qui l'entouraient. « Arthémis, regarde comme c'est joli ! » chantonnait-elle à son frère qui, assit au pied d'un arbre, ne leva même pas les yeux de son livre pour répondre. « Pas besoin d'hurler, je suis pas sourd. » Malgré le manque d'enthousiasme visible de son frère, la petite ne sembla pas se laisser démonter et continua sa tirade si les bienfaits de l'automne. Agacer par toutes ces paroles inutiles, le dénommé Arthémis daigna finalement poser son livre quelques instants histoire de faire taire le discours sans queue ni tête de sa soeur. « Bon-sang, Jo, trouve toi quelqu'un d'autre pour discuter ! J'essaye de lire, moi ! » lança-t-il d'un ton acerbe. La remarque fit mouche, car la petite se tut, visiblement vexée par ses paroles, et lui tourna le dos pour s'enfoncer plus profondément de la forêt. Guère impressionné par cette petite scène, le garçonnet soupira d'aise et replongea dans sa lecture, persuadé que sa soeur reviendrait par elle-même lorsqu'elle serait calmée. C'était sans compter sur le caractère rancunier et têtu de la fillette. Trois heures passèrent sans que personne ne s'aperçoive de l'absence de la petite. La nuit était tombée et Arthémis n'avait pas tardé à rentrer au manoir en pensant y trouver sa soeur. Après avoir fouillé la maison de fond en comble, le gamin parvint à l'évidente conclusion que son idiote de soeur était restée dehors, à lui faire la tête. C'est en lâchant un long soupire d'impatience qu'il reprit le chemin de la forêt, une lampe de poche à la main. Il passa l'heure qui suivit à hurler le prénom de sa frangine sans relâche, devenant un peu plus inquiet chaque à minutes. Soudain, un murmure effrayé s'éleva des ténèbres. « Arthémis, c'est toi ? » L'aîné se permit un petit sourire de soulagement avant de prendre sa petite soeur dans ses bras. « En personne, ma puce. Aller, arrête de pleurer, on rentre à la maison. » Tout en essuyant ses yeux embués de larmes, la petite se laissa entraîner par son frère. Sans rien dire, ils regagnèrent la maison en silence jusqu'à ce que Jolànn marmonne d'un air piteux. « Tu penses que maman sera fâchée ? » Son frère n'eut même par le temps de répondre, une furie blonde venait de passer le seuil de la demeure en courant pour venir les serrer dans ses bras. « Maman, tu nous étouffes ! » geignait Arthémis tandis que sa soeur se faisait toute petite en espérant ne pas se faire gronder. « Vous ne payez rien pour attendre, petits garnements ! Dans la maison au pas de course, votre père est furieux ! » Les deux enfants baissèrent honteusement la tête, résignés à entendre les reproches que leur père jugerait bon de leur hurler par la tête. « Vraiment, Jo, merci, à cause de toi on va se faire démonter ! » Marmonnait rageusement Arthémis en lançant à Jolànn un regard incendiaire. Haussant les épaules, la fillette lui servit un adorable petit sourire d'excuse avant de trottiner jusqu'à la maison. « T'avais qu'à être plus gentil avec moi ! » Ricana-t-elle. Quelle belle morale à cette histoire. Si elle le prenait comme ça, elle n'aurait qu'à se débrouille toute seule la prochaine fois, cette idiote.